Pour un processus de « Tribunal européen des fauteurs de crise »

 

Objectif : développer des actions et mobilisations à dimension européenne impliquant effectivement les citoyens et partant de leurs préoccupations immédiates

Pourquoi ces politiques d'austérité, d'irresponsabilité écologique, de déni démocratique, qui se généralisent aujourd'hui en Europe ? Qui sont les responsables, et comment les stopper ? Quelles alternatives sont possibles ? Nous proposons ci-dessous à titre illustratif ce que pourraient être les principales phases d'un processus européen d'identification des fauteurs de crise et de mobilisation citoyenne pour des alternatives.

Etape n°1 : lancement

Lancement d'un appel européen, signé par des personnalités prestigieuses et des organisations (sociales, démocratiques, écologistes, féministes, antiracistes, culturelles....), appelant les citoyens européens à créer, à partir de leurs lieux de vie et de leurs préoccupations concrètes, un espace public européen de réflexion critique, d'expression culturelle et artistique, de débat politique et d'élaboration d'alternatives, sous la forme de sessions décentralisées d'un « tribunal européen des fauteurs de crise »

Etape n°2 : organisation au plan national et européen

Création dans les différents pays de coalitions nationales et d'un comité européen de coordination.

Etape n° 3 : définition d'un cadre méthodologique et déontologique commun

Le comité européen de coordination, en lien avec les coalitions nationales, élabore et fait valider une méthodologie-cadre et un calendrier indicatif pour la tenue des sessions du Tribunal, aux différents niveaux (local, national et européen).

La méthodologie garantit

1)      le caractère démocratique et participatif du processus de tribunal (sessions librement auto-organisées : choix des accusés, construction et représentation des audiences, construction du verdict...), excluant toute tentative d'infiltration raciste ou xénophobe

2)      le caractère pluraliste des thématiques traitées (sociales, écologiques, féministes, ...)

3)      le caractère équitable des sessions du tribunal (information et convocation des accusés – banques, transnationales, Troïka, gouvernements, partis politiques, Traités, think tanks..., – , organisation de la défense, formation d'avocats...)

Etape n°4 : organisation des sessions locales

Ces coalitions appellent à la création de sessions du Tribunal européen dans les localités.

Au niveau local, les collectifs ou assemblées populaires débattent des thèmes qui seront mis à l'ordre du jour des sessions, de la liste des accusés, de la répartition des rôles, des plaignants, témoins, experts, artistes à solliciter pour participer aux débats...

Les sessions sont organisées de façon la plus unitaire et participative au plan local.

Chaque session locale du Tribunal européen établit ensuite un compte-rendu (écrit, vidéo, etc) et un jugement synthétique.

Etape n°5 : remontée et synthèse des verdicts

Les compte-rendus et verdicts sont centralisés au plan national, où ils font l'objet d'une synthèse, puis au plan européen.  Les synthèses nationale / européenne représentent le point de vue des citoyens nationaux / européens sur la crise, ses responsables et ses issues.

Etape n°6 : Débats locaux sur les synthèses

Les synthèses redescendent au niveau local pour être mises en débat et amendées ou complétées par les citoyens.

Etape n°7 : Actions citoyennes pour l'exécution des verdicts

Une fois validée, les synthèses nationale et européenne peuvent déclencher des actions citoyennes visant à rendre exécutoire certains éléments du jugement : boycotts européens, pétitions, occupations coordonnées … On peut par exemple imaginer l'auto-convocation d'une Convention citoyenne européenne, qui se donnerait pour tâche de travailler à un projet de Traité pour une refondation européenne. Etc...

Remarques pour conclure

Un tel processus ne suppose pas un accord a priori entre les participants sur les thèmes ni sur les revendications prioritaires. Il suppose que les participants, au niveau européen, national et local, se mettent d'accord non pas sur un programme commun mais sur un format commun. Il permet à chacun – citoyens, organisations - de participer au choix de ces thèmes, dans le cadre d'assemblées se tenant au plus près des réalités locales. Il ouvre la possibilité de déployer des formes multiples (conférences gesticulées, théâtre forum, expositions, clips vidéo, etc) pour nourrir les sessions du Tribunal.

Cette dynamique repose donc sur des allers-retours entre niveaux :

-        un temps descendant (où une initiative européenne d'organisations définit un format commun),

-        un temps ascendant (où les sessions locales font remonter leurs jugements)

-        un temps à nouveau descendant (où les synthèses nationale/européenne redescendent au niveau local)

-        un temps ascendant (pour valider une synthèse européenne)

-        un temps descendant (pour les actions visant à appliquer les verdicts)

Il ne suppose pas nécessairement l'engagement de millions de participants, quelques milliers dans un nombre suffisant de pays européens peuvent suffire à amorcer le processus.